Que je donne mon avis sur Free ? Au risque de passer pour le proverbial brontosaure, dans un magasin de porcelaine ? Parce que voilà un groupe auquel on ne touche pas. Et croyez-moi, autant canarder Deep Purple, sa réussite et sa morgue, m’amusait plutôt, autant là…
Reprenons les choses à l’endroit. Sans méchanceté inutile, ni aversion de commande. Juste des faits.
De Free je connais un album entier (un live d’une effarante platitude) et deux bons morceaux. Soit Mister Big blues bien fichu, et All Right Now. Qui mérite qu’on s’y attarde trois secondes, puisqu’il porte le syndrome du bien et du mal.
Pour le premier, il y a ce riff monstrueux (directement pompé chez les Stones, et qu’AC/DC recyclera au gras-double) tout le talent de Paul Kossof repose dans ces trois minutes. Ce type ne jouait pas de la guitare, il raclait des silex. Dommage que l’étincelle ainsi produite n’ait jamais rencontré que véhicule banal pour l’escorter.
Ceci posé, et en considérant le reste de la chanson, on est en droit de hurler de frustration. Tant cette rythmique est sous-employée. Et tant Paul Rodgers a peu de chose à dire, en dépit de sa voix magnifique. Mais bon, ils ont eu leur quart d’heure Wharolien. Qu’ils aient été consumés par lui, le grand public s’en foutait. C’est la loi du genre. Au moins, fut-ce au péril de leur vie, leur nom était gravé au fronton d’un certain paradis rock and rollien.
Bad Co réussira bien mieux dans le genre. Mais eux étaient managés par Peter Grant. Le type qui aurait réussi à vendre du sable à un bédouin.
Bref, tout le monde sait que l’histoire de ces gens est d’une infinie tristesse, qu’ils auraient mérité cent fois mieux, que la destinée est une grande salope… Je laisse mon vieux Lou approfondir les choses.
Laurent M.
Comment expliquait, au travers des écrits de l’époque, le succès de la machine Free? Descendu en flèche comme il se doit par la gente des critiques rock, et porté aux nues par un public se dandinant le derrière sur les coups de boutoirs de Simon Kirke et Andy Fraser ? Ici règne sans doute toute la dichotomie de la musique des Free. Un blues rock lorgnant vers le hard rock en passe de devenir la norme des années futures, sans génie certes, mais incroyablement attirant sur scène.
C’est en avril 1968 que la carrière des Free démarre, né de la rencontre de deux anciens Black Cat Bones (un seul album au compteur, et déjà on tournait en rond !) Paul Kossoff et Simon Kirke, qui traînant leurs bières dans un pub enfumé, découvrent le timbre particulier d’un Paul Rodgers au sein des Brown Sugar. Les gars sympathisent rapidement, et commencent à répéter ensemble. Alexis Korner, parrain de la scène blues londonienne, leur recommande le tout jeune bassiste Andy Fraser (15 piges à l’époque), qui a déjà à son actif quelques jams avec JohnMayall !
Les premiers concerts sont de vraies réussites, le groupe impressionne par sa puissance rythmique et un volume à fond, bien que peu original. Et chaperonné par Alexis Korner, le groupe signe rapidement sur le label Island, à la recherche de nouveaux talents. Free sera l’un de leurs plus gros succès commerciaux !
Quelques mois après avoir signé, le groupe sort de ses séances un premier album, gorgé de blues rock bien balancé. Tons Of Sobs révèle un bon groupe, avec une impressionnante section rythmique jouant très fort. Et dans lequel Paul Kossoff distille quelques jolis solos de guitare. Si rien de neuf ne transpire dans cet opus, il laisse entrevoir une certaine faculté d’évolution, et c’est donc auréolé d’une certaine aura auprès du public que le groupe se lance dans l’écriture d’un second opus.
Free sort en 1969, mais là où on aurait été en droit d’attendre une progression dans la musique jouée, le groupe persiste dans un blues rock basique et aborde même quelques plages plus calmes. Très répétitifs dans leurs thèmes, l’album reste un bel exemple de blues rock à l’anglaise, mais ne trouve pas sa voix, tiraillé entre le désir de plaire et celui d’aller de l’avant.
Finalement, c’est avec Fire & Water que le groupe décide de son destin. Avec son tube mondial qu’est All Right Now, qui influencera nombre d’hardeux des seventies, le groupe explose aux yeux du grand public, l’album se plaçant en seconde position dans les charts anglais et 17e aux States ! Énorme performance !
Condensé de blues rock basiques, simples, sans artifices, Fire & Water posera les bases d’un hard rock buriné, beaucoup moins lyrique que celui du Zep’, moins swinguant que les Cream, mais terriblement efficace. Le groupe part alors dans une gigantesque tournée mondiale qui les conduira à l’Ile de Wight en août 1970, les States les réclament, s’en suit un nouvel album, Highway, toujours dans la même lignée, et le succès remporté toujours plus grand !
Après deux albums live (dont le Free Live de 1971 qui reste une grande déception tant la puissance du groupe sur scène n'est point représentée ici) et un dernier album en 1973, le groupe se sépare. Paul Kossoff, avec Simon Kirke, continuera à essaimer un hard rock classique au sein des Bad Company.
Bien que les Free n’aient pas été le groupe de rock le plus innovant de l’Angleterre de la fin des sixties, ils ont tous de même posé les codes d’un nouveau style, celui du hard rock que nombre de prétendants piocheront sans vergogne, avec plus ou moins de réussite. Maintenant, All right now...!
Lou
PERSONNEL :
Paul Rodgers (chant), Paul Kossoff (guitare), Andy Fraser (basse) et Simon Kirke (batterie)
DISCOGRAPHIE :
ALBUMS :
_ 1968 : Tons Of Sobs (Label Island ILPS 9089)
_ 1969 : Free (Label Island ILPS 9104)
_ 1970 : Fire And Water (Label Island ILPS 9120)
_ 1970 : Highway (Label Island ILPS 9138)
_ 1971 : Free Live (Label Island ILPS 9160)
SINGLES :
_ 1969 : Broad Daylight/The Worm (Label Island WIP 6054)
_ 1969 : I'll Be Creepin'/Sugar For Mr. Morrison (Some in PS) (Label Island WIP 6062)
_ 1970 : All Right Now/Mouthful Of Grass (Label Island WIP 6082)
_ 1970 : The Stealer/Lying In The Sunshine (Label Island WIP 6093)
_ 1971 : My Brother Jake/Only My Soul (Label Island WIP 6100)
LIEN :
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