Focal Point

Source : marmalade-skies

Il est des injustices que le temps permet de réparer. Prenez le cas de ce duo de Londres, culotté comme seuls le sont les Anglais. Abordant un Paul Mc Cartney empêtré dans les conflits beatlesiens jusqu’au cou, obtenant par la même le numéro de téléphone du manager du label Apple, Terry Doran. La chance leur sourit, Paul Tennant et Dave Rhodes obtiennent un rendez-vous, recevant même l’appuie d’un John Lennon qui saute sur tout ce qui bouge. Finalement, c’est le manager des Beatles, Brian Epstein, qui s’occupera d’eux.

On leur conseille alors de former un vrai groupe pop, en recrutant des musiciens de studios sur Liverpool. Brian Epstein leur trouve même un nouveau nom. Désormais, on aura affaire aux Focal Point. Paul et Dave entrevoient alors monts et merveilles, enregistrent quelques démos au studio Apple, usant et abusant des moyens octroyés par le label.

Fin de l’histoire. Apple s’avère une entreprise peu rentable, les déboires (mort de Brian Epstein, des scarabées en proie au doute et des tensions récurrentes) s’accumulent, et Apple jette l’éponge des Focal Point. Paul et Dave se retrouvent sur le trottoir, leurs ambitions en bandoulière. Deram leur offre alors une seconde possibilité, avec un contrat d’un simple dans la poche. Love You Forever/Sycamore Sid sort en 1968, mais le manque de soutien aura raison du groupe, et le single est un fiasco total. La musique n’offre d’autant plus qu’une pâle imitation de ce que les Beatles ont sorti bien avant eux. Trop sages, en retard d’une époque, ce single scellera le sort des Focal Point.

Et par magie, à la fin des années 90, dans un délire nostalgique de ces sixties et de tout ce qui tourne autour des Beatles, on nous ressort une anthologie des démos enregistrés par le duo entre 67 et 68. Estampillé énième merveille pop anglaise, chaperonnée par un Mc Cartney qui nous la joue érudit rock, First Bite Of The Apple voit le jour près de 30 ans plus tard. Dans un esprit très british, les 17 morceaux retenus, dont certains proposés deux fois (versions qui n’apportent d’ailleurs pas grand-chose), ne sont qu’une pâle copie de ce que la pop anglaise pouvait offrir, piochant ici et là dans le répertoire des Beatles. Si l’on peut sauver de la noyade 2/3 titres au charme indéniable, dont l’évasif ‘Cept Me au climat torturé, on passe sur le reste.

Car si le temps peut permettre certaines réhabilitations, il est également impitoyable sur la nécessité d’exister 30 ans plus tard. Et franchement, on a qu’une vie, et pas le temps de perdre ses précieuses heures à se tartiner une pop sucrée et douce au possible, qui certes avait une raison d’exister au milieu des sixties, mais qui s’avère être un mauvais cru en termes de longévité.

PERSONNEL :

Tim Wells, Dave Slater, Dave Rhodes, Ted Hesketh, Paul Tennant

DISCOGRAPHIE :

_ 1968 : Love You Forever/Sycamore Sid (SP Deram DM 186 / Côte : 150E)

LIEN :

First Bite Of The Apple