Doté d'une tronche de blondinet à faire tomber n'importe quelle groupie en rade de sensation, fils d'un boxeur qui connut ses heures de gloire dans les années 30 (Tommy Farr), Gary Farr ne pouvait pas être un honnête citoyen anglais, bossant dur pour le bien être de nos chères têtes pensantes. Non, Gary Farr fait partie de cette espèce que la grâce touche dès le berceau, aidé en cela par un contexte familial perturbé dans son déroulement traditionnel normalisé.
De la boxe, il n'héritera sans doute que très peu de choses. Son truc à lui, c'est la musique, qu'il partage avec les disques de son frangin, Ricky, que l'on retrouvera chargé de la promotion du premier festival de Wight. Qui plus est, la nature lui a confié une de ces voix qui voyage au travers des notes électriques, suspendant en vol ces déclamations d'idéal et ses rêves les plus intimes. Comme son père qui écumait les rings de boxe à travers tout le pays, Gary parcourt dès son plus jeune âge les pubs et autres clubs du Sussex, désireux de se faire remarquer par les orchestres d'alors.
C'est ainsi qu'il rejoint très tôt les T-Bones à la fin de l'année 1963. Le combo est alors un groupe de R&B en avance sur son temps, marchant sur les platebandes des Yardbirds et autres Stones naissants. Le timbre grave de Gary s'accommode idéalement à l'énergie déployée par le combo, et les premières prestations scéniques des T-Bones sont explosives. Giorgio Gomelsky ne s'y trompe pas, et dans la foulée du contrat liant les Yardbirds à Giorgio, ce dernier engage sous son autorité les T-Bones, désirant faire un énorme coup double.
Installé au Marquee Club, le groupe continue d'enflammer un public grandissant, mais pêche dans la composition et l'interprétation. Quelques singles plus tard, et une pochette historique (un EP français des T-Bones verra le jour en 65 avec en couverture une photo des Yardbirds !), la première mouture du groupe est disloquée, mettant fin au contrat les liant avec Gomelsky à la fin de l'année 65.
Toujours désireux de percer dans la musique, Gary reprend les choses en mains, et lors d'un de ses nombreux gigs, fait la rencontre de Keith Emerson et de Lee Jackson. Reformant de nouveaux T-Bones, le groupe s'affaire sur de nouvelles compositions, et continue de sillonner clubs et pubs. Faute de manager de la trempe de Gomelsky, c'est un nouvel échec. Fin 67, les T-Bones n'existent plus, et deviendront avec le temps l'une de ces légendes du R&B anglais.
Gary Farr insiste néanmoins, et parvient à dealer un contrat avec le label Marmalade. Délaissant alors le R&B pour une approche plus personnelle, Gary s'en va laisser libre cours à son imagination, combinant un folk progressif teinté de couleurs bluesy et empli de nostalgie. Le trip baba en bandoulière, il sort en compagnie de Kévin Westlake (ex Blossom Toes) un premier 45t en 69, Everyday/Green, puis un second la même année, Hey Daddy/The Vicar And The Pope. Revigoré par ces deux productions, Marmalade lui octroie une avance pour un album, Take Something With You, où on retrouve étrangement les deux faces B et aucune des deux faces A.
L'opus apparaît comme un savant mélange de folk et d'ambiances plus rock, duquel on se délecte de ses mélodies troussées d'imaginations et riches en arrangements. Du voyageur Don't know why you brother child à l'oriental Goodbye, qui ferme la parenthèse de cet album, on découvre un Gary Farr particulièrement inspiré, aux compositions savamment produites, aux textes lyriques et quasi mystiques (voire l'excellent Time Machine). Au final, une très belle réussite à laquelle on pourrait reprocher un brin de surenchère hippisante, mais qu'on oubliera bien vite par la beauté des compositions.
Fort de cette réussite artistique, Gary s'en ira par la suite explorer le grand ouest, partant aux États-Unis distillé son folk mystique, en compagnie notamment des membres du Mighty Baby, avec au compteur un somptueux album, Strange Fruit (1971), à la pochette si pure que les inquisiteurs de la pédophilie auraient de nos jours interdit la publication. La pureté n'étant pas une variante de notre époque pré mâchée et jouée d'avance. Mais c'est une autre histoire...
- DISCOGRAPHIE (avec les T-Bones) :
- EP :
- _ 1964 : Dem Bones Dem Bones Dem T-Bones (Label Columbia SEG 8414 / Côte : 150Euro)
- _ 1965 : I Am Louisana Red (Pressage français, Label Riviera)
- _ 1964 :How Many More Times/I'm A Lover Not A Fighter (Label Columbia DB 4701)
- _ 1965 :Won't You Give Him (One More Chance)/Hamish's Expree Relief (Label Columbia DB 7489)
- _ 1965 :Give All She's Got/Don't Stop And Stare (Label Columbia DB 7608)
- DISCOGRAPHIE (en solo) :
- ALBUM :
- SINGLES :
- _ 1969 : Everyday/Green (Label Marmalade 598 007)
- _ 1969 : Hey Daddy/The Vicar And The Pope (Label Marmalade 598 017)
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