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8 oct. 2009

Greatest Show On Earth

Deux albums fulgurants au cours de l’année 70, à l’inventivité incroyable, qui se scratchent lamentablement dans les charts, à tel point que 40 ans plus tard, les Greatest Show On Earth sont toujours honteusement oubliés dans les manuels d’histoire. Votre chroniqueur ne peut que s’enorgueillir de laver cet affront, en publiant une chronique totalement subjective, valdinguant les principes de la critique acceptable et du consensus mollasson. Ba ouais quoi, ce groupe a publié deux petites merveilles la même année, à écouter à tout berzingue dans sa piole, oscillant entre un rock progressif dramaturgiquement exceptionnel et un jazz rock osé et swinguant comme pas deux. Et pourtant, le risque était grand ! On rangera précieusement ses deux galettes aux côtés des meilleurs Genesis (si, si, la bande à Peter Gabriel a sorti de chouettes trucs) et de ses petits trésors anglais qu’on se repasse toujours avec autant de plaisir.

L’histoire débute en 68, lorsque le guitariste Garth Watt-Roy et son frangin bassiste Norman décident de monter un groupe. Après plusieurs auditions, ils recrutent un black au chant, un américain en exil sur le sol anglais, Ozzy Lane. Ce dernier amène alors aux sons distordus du groupe toute sa chaleur et son sens du Rhythm & Blues. Garth et Norman s’entourent également du batteur Ron Prudence, impressionné par la diversité de son jeu, et de Mick Deacon comme organiste. Ce dernier, à l’écoute des deux opus, fera regretter le départ, peu de temps après la formation du combo, d’Ozzy Lane, tant son jeu tout de feeling, de puissance, de swing et de montée orgasmique se serait marié à la perfection à sa soul music torride.

Bref, Ozzy Lane repart au pays quelques mois après, du côté de la Nouvelle-Orléans, laissant le groupe dans l’embarras de composition complexe, flirtant avec la soul, le rock, le jazz et la progressive music ! Las de chercher à nouveau la perle rare, le combo se décide à engager Colin Horton Jennings, qui à défaut d’avoir une voix sensationnelle, sait manier également le manche, les bongos et la flûte, offrant un panel intéressant pour les divagations mélodiques du groupe.

Après moult essais, le groupe se fait enfin repérer par le label progressif d’Emi, Harvest, qui signe le groupe fin 69. Un premier simple voit le jour, Real Cool World/Again And Again, qui résume bien à lui seul toute la richesse musicale du combo. Une face A grandiloquente dominé par les talents d’organiste de Mick Deacon qui conduit a lui seul toute la puissance du morceau, et ce Again and Again tout bonnement magnifique, arrangements de cordes divaguant sur une flûte paisible pour finalement exploser dans un océan de sons mélancoliques. La sortie du premier opus, Horizons, s’inscrit dans cette mouvance progressive, où l’orgue domine les débats, la gratte tentant de s’extirper de cette avalanche de notes schizophrènes pour ramener un peu d’ordre. La voix est certes faiblarde, mais le disque un vrai chef-d'œuvre d’intelligence et d’imagination. Il n’y a qu’à écouter ce I Fought For Love et son intro titanesque pour s’en persuader, détriturant avec complexité les schémas classiques du rock et de la pop.

Faute de promotion, Horizons est un relatif échec, mais la période étant propice à l’innovation, Harvest laisse le groupe bricoler un second opus, qui sort la même année. The Going’s Easy, ou la volonté d’explorer encore et encore les possibilités de la fusion. Davantage jazzy, swinguant tel un funk endiablé, le groupe semble au maximum de sa cohésion, les instruments se mariant avec finesse dans les genres. Morceau d’ouverture, Borderline envoie tout valser, on ne sait plus très bien où l’on met les oreilles, et finalement on se laisse transporter dans ce tsunami de sons et de couleurs, tribal et quasiment heavy pour un panard sans retour. L’opus est à nouveau une petite merveille, on regrettera encore ce chant en décalage total avec le groove du groupe, qu’on oublie finalement très vite pour se plonger sur ses plages délirantes que sont le très R & B The Leader, ou sur cette réplique d’Again and Again, véritable ilot enfumé pour dépressif (Love Magnet), sans oublier Tell The Story, jazzy dans tous les sens, et pour une fois merveilleusement chanté.

Au final, ce second opus paraît plus diversifié, et à même de toucher un public plus large. Il n’en sera rien, et devant cet insuccès total, le groupe se sépare, Harvest lâchant les crédits accordés. La plupart des musicos se retrouveront à jouer les bouches trou dans diverses formations toutes aussi insignifiantes les unes que les autres. Seul Garth Watt-Roy, à l’origine du groupe, participera à d’autres projets excitant, comme Fuzzy Duck, ou encore East Of Eden. De nos jours, ces deux galettes sont de jolis collectors, mais n’ont toujours pas acquis la renommée méritée. À vous de changer les choses…

PERSONNEL :

Garth Watt-Roy (chant, guitare), Norman Watt-Roy (basse), Mick Deacon (claviers), Ron Prudence (batterie, congas), Tex Philpotts (saxo) et Colin Horton-Jennings (chant, guitare, flûte, batterie)

DISCOGRAPHIE :

ALBUMS :

_ 1970 : Horizons (Label Harvest SHVL 769 / Côte : 75Euros)

_ 1970 : The Going's Easy (Label Harvest SHVL 783 / Côte : 75Euros)

SINGLE :

_ 1970 : Real Cool World/Again And Again (Label Harvest HAR 5012)

_ 1970 : Tell The Story/Mountain Song (Label Harvest HAR 5026)

LIEN :

* The Going's Easy

* Horizons

* Myspace

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