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16 févr. 2010

Geesin Ron

Si je vous dis que ce monsieur est le coauteur d’Atom Heart Mother, qu’il a entre autres produit l’album de Bridget St John, Songs For A Gentle Man en 71, qu’il fut pote avec Roger Waters (avec lequel il travailla sur le concept de The Body, film documentaire de 70 à la réputation laborieuse). Que pour finir, ce gars était un défricheur de sonorités environnementales et attiré par la connivence Musique/Vidéos … Vous pensez à un génie de la production ?

Hum, disons qu’à l’écoute d’A Raise Of Eyebrows, son premier opus de 67, on a plutôt affaire à un bad trip empli de mauvaises vibrations. Une espèce de collage sonore de plusieurs atmosphères sentant le souffre, étouffant la moindre mélodie dans un arpège de bizarrerie incongrue et sombre, quasi satanique. Brzzzzzzz…

Ron Geesin se fait d’abord connaître dans les seventies via le biais de son propre label, Headscope, pour lequel il produira plusieurs albums expérimentaux (c’est le moins que l’on puisse dire!) faits d’expériences sonores et visuelles. Souvent considéré comme artiste avant-gardiste, Ron Geesin jouit d’une réputation sans borne dans les milieux intellos défoncés à la mauvaise came. De plus, son amitié avec Roger Waters et sa connivence avec les Floyd lui attireront nombre de sympathie bien pensante (portante ?).

Tout débute pour lui via le piano et son amour du blues. Profitant d’une certaine aisance familiale, il développe sa propre technique sur le piano familial, expérimentant une combinaison à trois doigts par main. Quand l’adolescence se pointe, il rejoint les Downtown Syncopators en 62 avec lesquels il développe cette fâcheuse manie de bricoler les sons tirés de ces instruments. En 65’, il autoproduit lui-même un EP, chose rare à l’époque, complètement barré où il triture les sons dans une ambiance délurée. Le monde du pop n’en est encore qu’aux singeries innocentes des Beatles quand Ron Geesin se fourvoie dans les possibilités infinies que lui procure la technologie.

Eté 67. L’Angleterre se découvre des fleurs dans les cheveux ; l’acide et autres cames apparaissent comme éléments moteurs de toute créativité. Découvrant les incroyables ressources des premiers computers et autres techniques de studios, Ron se concentre pour sa part dans l’exploration des champs sonores et visuels. Il signe en 67 un contrat avec la firme Transatlantic, pour lequel il enregistre un album, le fameux A Raise Of Eyebrows.

Sous une pochette bariolée typiquement accrocheuse pour l’époque, Ron Geesin signe une parfaite bande sonore déjantée sans continuité, s’amusant à coller diverses atmosphères les unes derrière les autres, explorant les redondances sonores qui filent à cet album son côté malsain, hallucinatoire. Ron y joue de tous les instruments (chant psalmodié, harmonica, piano, banjo, guitare, percus, et autres tribulations excentriques) sans chercher à les combiner. Non, il préfère mettre en avant chaque instrument, délicatement lancinant, ponctuant les silences de longues remontées angoissantes.

Sur la longue, l’album est déconcertant, et il est difficile de juger parcimonieusement tel album. Ce n’est surement pas un disque de rock, il n’est ni psychédélique ni progressif, avant-gardiste, pas sur. Mais totalement original, oui. Qu’on imagine bien comme BO pour un remake de Dracula, ici au pays du LSD. D’ailleurs, Ron travaillera par la suite pour de nombreux programmes télé, torchant des génériques à gauche à droite avant de revenir sur le devant de la scène au début des 90s. Au final, une sacrée curiosité pour tous les amateurs de Library Music assurément…

DISCOGRAPHIE :

ALBUMS :

_ 1967 : A Raise Of The Eyebrows (Label Transatlantic (S)TRA 161)

_ 1970 : Music From The Film The Body (Label Harvest SHSP 4008)

EP's :

_ 1965 : Mr.Mayor Stomp Your Head (Private Pressing)

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