High Numbers

Comment ça légendaire les High Numbers ? Tout ça parce que leur unique single vaut une fortune ? Dont la face A est un pompage de Slim Harpo, le tout revu et corrigé dans une esthétique mod assez opportuniste. Autant que soufflé par leur nouveau manager.

On nous a déjà fait le coup, ça suffit de courir après des formations dont les membres sont redevenus pompistes dés le 14 novembre 1965. Vous tombez bien, non seulement l'heure et aux revendications, mais je viens de changer d'ordinateur. Le pauvre Lou se gratte la tête, tout en s'interrogeant sur ma santé mentale (qu'on sait chancelante). Tout simplement, j'ai fait le grand ménage sur mon disque dur, pour y retrouver un dossier marqué «WHN». Ce qui, dans mon code secret, signifie «Who High Numbers». Le problème avec les vieux rats, a tendance archiviste, c'est leur coté docte. Comme s’ils avaient eu accès à un donjon secret. Pour y recopier des grimoires interdits. De leurs mains déformés par les rhumatismes, en salivant dans leur barbe. Parfois ça paye le voyage. Vous avez vu Le Nom De La Rose ? Rien de tel ici, nos secrets prennent méchamment l'air. L'important c'est d'éduquer le lecteur, de partager avec lui.

Profitons-en pour nous élever contre la connerie des maisons de disques (ou ce qu'il en reste). Ces précieuses archives sont pour le moment condamnées à l'obscurité. Et quand on va nous les ressortir, ce sera dans une grosse boite super luxe super cher. Sans aucune notion de l'importance historique.

Nous vivons des temps où l'aberration est monnaie courante. Et la rentabilité une diode, vissée dans de plus en plus de culs. Clignotante jour et nuit, pas un centime d'oublié. Mais je m'égare.

Après le patronyme Detours, et avant d'opter pour leur «Qui», nos mods favoris se sont quelque temps regroupés sous la bannière High Numbers. Appellation qu'ils ont laissé tomber vers la fin 1964. Coïncidence cosmique, les enregistrements qui dormaient dans mon bazar datent, à peu près de cette période. Très précisément des 20 (pour le live) et 22 (pour le studio) octobre 1964. Et la frappe de gorille qu'on y entend a de larges chances d'appartenir à Keith Moon. Le malheureux Doug Sanden s'étant déjà fait virer. D'abord, les morceaux en public, sur un répertoire de standards américains, comme cent mille jeunes types devaient en esquinter à l'époque. Le groupe est déjà compétent, la rythmique costaude et le guitariste aventureux. Par contre, Daltrey force sa voix d'une façon très désagréable. Comme s’il était mort de trac. L'impression générale est quand même celle d'un beatband classique, et le tout vert Young Man Blues fait bien gringalet, quand on est habitué à celui de Live At Leeds. Les choses en seraient restées là, on donnait bien peu cher de leur peau face aux Birds, par exemple.

Signalons une prise de son cradingue, qui désavantagerait n'importe qui, tout de même.

Les prises de studio ont ceci d'énervantes, c'est qu'elles sont toutes instrumentales, Daltrey signalant uniquement sa présence par quelques belles parties d'harmonica. L'ensemble évoque à peu ce qu'on imagine être une des premières répétitions de Doctor Feeelgood, les riffs vissés à mort sur l'implacable moteur. Des galaxies séparent ceci du chef-d'œuvre Sell Out (trois ans plus tard seulement) certes, mais il y a cette longue version de I'm A Man. Qui commence comme l'habituelle paire de baffes, mais se mettent souvent à résonner d'impérieux claquements de basse. Forts peu usités dans le rock de l'époque, et porteurs de bien des mauvais germes à venir. Signalons aussi un instrumental quasi-jumeau de l'Underture de Tommy. Pour vous dire que le talent et les idées étaient déjà là. Restait à écrire un tube, et à imposer une image. On trouve bien peu de déchets chez les Who, de 1965 à 1971, Tommy restant celui qui a le plus mal vieillit. Il est de ces morceaux d'histoire, qui ont l'air de simples cailloux sur le chemin, mais avec lesquels on a bâti des empires. Repassez-vous le DVD de Wight, pour comprendre Qui (Who ?) était le mieux placé pour piquer la couronne des Stones, en ces années-là.

Laurent

DISCOGRAPHIE :

_ 1964 :I'm The Face/Zoot Suit (SP Fontana TF 480)

LIEN :

Zoot Suit