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14 août 2008

Drake Nick

Parler de Nick Drake revient à faire de l’équilibre sur un fil avec des bottes en ciment.

Ou du tourisme dans une dictature, en distribuant des tracts anti gouvernementaux.

Le Dogme. Avec un grand « D » et deux chiens de garde. Prononcez le nom magique, et vous verrez des fusils aux fenêtres.

L’artiste qu’on adore, mais qu’on hésite à faire écouter à ses proches. Tout simplement pour éviter une réflexion balourde, qui pourrait mener loin.

Toute la panoplie de l’artiste maudit réuni en seul bonhomme. Mort dramatiquement et très jeune, œuvre complexe, culte vivace… Voyez aussi Tim Buckley, Tristan Corbiére pour l’écriture, Modigliani niveau peinture.

Je suis un fan. Et un adepte des états dépressifs. Longs moments de méditation introvertie. La ou l’âme exhale une bile éternelle.

Une découverte dans un Rock And Folk de 1976 (sous la plume du grand Philippe Garnier). Bien planqué entre Ange et les jazz rockeux de service. Article d’une sobriété graphique absolue, rien pour appâter le client potentiel. On sentait le genre de papier qui embarrasse le rédacteur en chef. Le passer oui, mais qui va s’intéresser à ça ?

Ou comment se trouver une bonne raison de préférer les sentiers aux grandes autoroutes.

En se plongeant dans la nostalgie (pas encore opaque) douce amère de Five Leaves Left on en arrive à se demander quel miracle, ou magie, conservent intactes des chansons aussi délicates. Pire, comment une épure aussi fine peut se transmettre de génération en génération, sans s’user. Au contact d’une réalité de plus en plus dure. La ou le gavage de la télé poubelle, sans parler du martèlement abrutissant des beats techno, ravage les neurones en profondeur.

Et si c’était simplement un talent hors pair, qui permettait à Bryter Layter de triompher, sans peine, d’arrangements certains de couler n’importe qui d’autre ? Avec une brochette de musiciens hors pair (les pointures de Fairport Convention ou John Cale) pour aider, certes, mais l’essentiel est bien ailleurs.

Un surdoué. Venu se frotter à une génération trop sollicitée pour prendre cinq minutes, et faire basculer sa condition d’auditeur. Même pas un dandy je-m'en-foutiste à la Barrett, qui aurait plus facilement retenu l’attention. Où un poète trash maudit, modèle Lou Reed, dont Berlin, opéra de la décadence, prendra aussi un aller direct pour le bac à soldes. Avant d’être réhabilité par les critiques. Têtes basses et le front ceint d’épines.

Les gens qui évoquent Nick Drake n’ont pas l’air de repentants. Plutôt de prosélytes éclairés. De ceux qui savent, et voudraient que vous sachiez aussi.

Et au fond, c’est très simple.

Tout était là depuis les origines, et jusqu’à la fin la flamme aura brillé. Secrète et solitaire sans doute, mais bien protégée du vent éphémère, et des modes en cartons.

On écoutera avec attention la compilation de démos Time Of No Reply pour mieux s’imprégner de cette idée. Loin, si loin, des pirates pourris qui traînent ici et là.

Quelques-uns ont retrouvé l’alchimie sacrée (Johan Asherton, Pamela Wyn Shannon). Peut-être, un jour, écriront-ils aussi leur Pink Moon, venu trop tard pour l’espace-temps qui nous est alloué. Hélas.

Leur grande œuvre des jours de pluie, en trois volumes.

En attendant, le modèle de base est disponible en prix découverte. Vous me remercierez, un jour.

Laurent M

DISCOGRAPHIE :

_ 1969 : Five Leaves Left (Label Island ILPS 9105 / Côte : 250Euros)

_ 1970 : Bryter Layter (Label Island ILPS 9134 / Côte : 150Euros)

_ 1972 : Pink Moon (Label Island ILPS 9184)

LIEN :

Myspace

1 commentaire:

The Greg, The Bad, The Vulgar a dit…

on n'est pas noyés sous les commentaires dites donc...mon papier sur Dunbar sera prêt pour la fin de semaine les potos (normalement)!