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20 sept. 2008

Deviants, The

Un groupe crucial… difficile de rester objectif. Jolie phrase d’intro à ma chronique des Deviants. D'ailleurs, elle est de mon rédacteur en chef, qui sait bien que le sujet me motive.

Restons donc droits dans nos bottes, et reprenons les choses au début. En 1967, les Rolling Stones outragent toujours les bonnes mœurs, mais peuvent se permettre d’être arrêtés en pleine séance de défonce. Ils ont du fric, des relations dans la haute, bref ce sont des nantis. Pire des nouveaux riches. Une certaine partie de la presse prend fait et cause pour eux, l’establishment vacille, mais le jeu est déjà pourri à un de ses bouts.

Certains, dans les squats d’un Londres en partance pour l’été des fleurs et de l’acide, voient plus loin. Mick Farren par exemple. Avec les Social Deviants, cet anar prône déjà la révolution, la haine des poulets de Sa Majesté (qui la lui rendront largement) la défonce à haute dose, et la conscience collective contre l’embrigadement des esprits.

Heureux hasard, un livre vient de sortir sur la passionnante saga Deviants/Pink Fairies. Dans Cosmic Boogie de Rich Deakin, vous apprendrez tout ce que vous avez toujours voulu savoir. Bien mieux que mes élucubrations ne sauraient le faire.

Ceci pour la sociologie. Côté disques, on va à l’inverse de la logique admise. Un groupe sort un mauvais album, progresse, jusqu’à son zénith…

Pas les Deviants M’sieur.

Ptoof financé par un milliardaire imbibé, est encore traité avec pas mal de mépris, dans les anthologies spécialisées. Bien sûr, il présente beaucoup moins bien que les copains, et essuie ses godasses sur le beau tapis indien. Il a aussi le mérite d’appuyer là où ça fait mal. Aussi composite qu’un cocktail Molotov, il est le reflet fidèle des tiraillements internes, qui finiront pas miner le groupe.

D’un coté, de longues pièces grondantes, à la méticuleuse déjante, soigneusement mises en sons, pour une outrance maximum. Auquel on peut ajouter Charlie blues primitif, dur comme un pavé dans la tronche, bien dans le ton puisqu’abordant le meurtre d’un flic. Et puis deux morceaux beaucoup plus doux, qui sont des concessions au premier bassiste. Le tout est un superbe numéro d’équilibre sur corde raide, qui refuse de vieillir avec la plus farouche des volontés.

Les difficiles conditions d’existence d’un groupe sans cesse sur la route, lessivé par la dope et la bouteille, ne permettront pas de transformer l’exploit en challenge. Disposable est sans directions, sans idées, on peut tout juste lui concéder une meilleure maîtrise technique. Même punition pour le troisième album, les compositions sont erratiques, et c’est un crève cœur d’entendre les brillantes parties de guitare du nouvel arrivant (Paul Rudolph, Canadien de Vancouver) résonner sur si peu de matière.

C’est précisément en allant tourner au Canada que les Deviants vont exploser. Truandé par un promoteur bidon, sans ressource, le groupe se scinde alors en deux factions bien nettes. D’un coté les musiciens (Paul Rudolph, Russell Hunter, Sandy Sanderson) résolus à jouer quoi qu’il arrive. Et bien forcé de gagner de quoi manger, et rentrer au pays. De l’autre un Mick Farren dépressif, complètement à plat. Que ses collègues collent dans le premier avion pour Londres .

Des premiers naîtront les Pink Fairies (mais c’est une autre histoire). Le second continuera sa carrière d’écrivain et journaliste, tout en n’oubliant pas la musique. Liés (bon gré mal gré) à vie, leurs chemins ont bien souvent été parallèles par la suite.

Les Deviants ont écrit une des plus brillantes pages de l’underground anglais, avec ses errances et ses réussites. Plus que tout, ils incarnent principalement un esprit fouteur de merde, trop rare au royaume d’Albion. Même les punks s’y tromperont, en tombant dans l’auto parodie. À connaître absolument. Pas d’excuse qui tienne, les albums sont régulièrement réédités.

Laurent M.

PERSONNEL :

Mick Farren (chant, piano), Sid Bishop (guitare, sitar), Cord Rees (basse), Russell Hunter (batterie), Duncan Sanderson (guitare, basse), Paul Rudolph (guitare) DISCOGRAPHIE :

ALBUM :

_ 1967 : Ptoof (Label Impressario Imp 1/ Côte : 200Euros)

Second Pressage en 1969 (le plus courant) sur le Label Decca SKLR 4993

_ 1968 : Disposable (Label Stable SLP 7001 / Côte :120 Euros )

_ 1969 : The Deviants (Label Decca SKLR 1993)

SINGLE :

_ 1968 : You’ve Got To Hold On/Let’s Loot The Supermarket (Label Stable STA 5601)

LIEN :

I'm Coming Home

Deviation Street

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je ne sais plus comment je suis tombé sur ce blog. En tout cas, j'ai tout de suite su que j'allai tout lire.
Vous êtes vénérables. Ce blog est un puit de sciences. C'est bien écrit en plus.
Moi qui avait l'habitude d'arpenter placidement les blogs anglais, où je ne trouvais souvent pas ou partiellement ce que je cherchais...
Enfin bref, merci.

lou a dit…

Merci mon ami, ca fait très plaisir d'avoir ce type de commentaire!!!

C'est pas mal de taf', mais au final c'est un vrai plaisir!!!

Et si ca t'intéresse, on a aussi un forum où tu peux venir nous rejoindre:
http://raveup60.da-forum.com/

A plus et encore merci
Lou