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20 nov. 2008

Every Which Way (Brian Davison)

Alors qu’en 1970 Keith Emerson s’en va fonder et connaître un succès interplanétaire avec ses prétentieux acolytes du ELP, que Lee Jackson part fonder son Jackson Heights avec lequel il écuma les scènes de la Canterbury Music, un autre ancien membre des Nice, à l’ombre, s’en ira s’aventurer dans une pop lyrique, sombre et mélancolique. Brian Davison, batteur de The Nice, et son nouveau groupe, Every Which Way, ne sortiront qu’un album, splittant malheureusement dès sa sortie. Mais quel album !

Si l’Histoire n’a pas retenu son nom, il n’en demeure pas moins que les Every Which Way de Brian méritent cette reconnaissance certes tardive, mais justifiée. S’entourant de musiciens parfaitement inconnus dans le circuit rock, Brian souhaite trouver de nouvelles voies musicales, plus ambitieuses que les Nice. Moins classique également et davantage en phase avec la Pop Music qui éclate un peu partout en ce début 70’s, se caractérisant par un bannissement des frontières entre les genres. Il recrute alors le chanteur claviériste Graham Bell, le saxophoniste et flûtiste Geoffrey Peack, le bassiste Alan Cartwright (futur Procol Harum), et le guitariste John Hedley (qui disparut peu de temps après la sortie de l’album).

Ces musiciens n’ayant alors jamais percés dans la Pop Music, c’est donc accompagné d’un tout nouveau line-up dénué d’expérience que Brian s’attelle en studio à développer sa musique. Graham Bell y compose les textes ésotériques de l’album, qui dévoile une belle cohésion entre les musiciens. Malheureusement, cela ne se retrouvera pas sur la scène où le groupe a du mal à faire ressortir les émotions développées sur l’album.

Sortie en 1970 sur le label progressif Charisma, la galette fait partie de ces astres intemporels se nourrissant de toutes les couches de la Pop Music d’alors. Jazz, rock, psyché et folk s’entrechoquent dans des atmosphères au lyrisme vertigineux. Les notes défilent selon un schéma oscillant entre espoirs mélancoliques et chute désespérée. La structure même des morceaux, longue descente abyssale, est constamment remise en cause par de furtives mélodies subliminales, par ses solos, qui du saxo à la gratte en passant par une flûte vagabonde, vous maintient sur un fil tel un équilibriste malade qui ne saurait choisir son camp. La réponse est flagrante dans ce dernier titre, au patronyme prédicateur. The Light, ou la volonté de plonger corps et âme dans les excès d’une vie absurde.

La beauté des thèmes, doux et inquiétants à la fois, indécise, embarque l’auditeur dans une réflexion mélancolique du moi. Musicalement, le groupe joue à la perfection, les interventions du saxophoniste/flûtiste Geoffrey Peack sonnant telle une poésie neurasthénique, proie constante au doute. Croisement entre la pop délicieusement free du Soft Machine et le rock perturbé du Van Der Graaf Generator de Peter Hammill.

Faute d’une promotion équivalente au talent du LP, le disque ne connaîtra pas le succès escompté. Il existe bel et bien un pressage français sorti sur Philips, aussi rare que celui de Charisma, mais doté d’une plus belle pochette. D’ailleurs, ce LP n’est même pas répertorié par Popsike.com. Autant vous dire qu’il n’est pas sur la liste des traders du vinyle, et reste donc une opportunité de le trouver à bon prix. À bon entendeur…

PERSONNEL :

Brian Davison (batterie), Graham Bell (chant, claviers), Geoffrey Peack (flûte, saxophone), John Hedley (guitare), Alan Cartwright (basse)

DISCOGRAPHIE :

ALBUM :

_ 1970 : Every Which Way (Label Charisma CAS 1021)

SINGLE :

_ 1969 : Go Placidly (Label Charisma BD 1)

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