Il se trouve, parfois, que le novice qui se fait refiler une réédition (dans la pression d’une convention) la trouve assez saumâtre pour ruminer longtemps. Et que, 15 ans plus tard, le bleu soit chroniqueur à Rave Up. Seules les montagnes ne se rencontrent jamais.
On pourrait dire que Gracious est au progressif, ce que BHL est à la philosophie. Une machine à produire du sophisme creux et largement périmé d’avance. En fait, on se contrefout autant de l’un que de l’autre. Mais on finit forcément par en attraper un bout, par ci par la.
Descendre un mauvais groupe reste un art. Si on veut faire les choses correctement (sans trop de sang sur les murs), il faut bien expliquer le pourquoi du comment. Éviter de passer pour le sadique de service, et discourir le bistouri à la main. Sans passion, cependant. Comme on élimine un adversaire trop faible, sans même y penser.
Nous voici là au fin fond de la deuxième division. Une de ces formations assez chanceuses pour s’abriter derrière un label légendaire (Vertigo). Et voir ainsi la cote de ses originaux flamber. La réputation une fois établie, la mauvaise graine semée, vous pouvez bien pratiquer la salsa congolaise, il est trop tard. Un jour où l’autre, n’importe quel amateur viendra jeter son oreille sur votre produit frelaté. Tant est fort l’appel de l’adjectif ronflant. Surtout bien placé dans un catalogue de vente par correspondance.
Une tartine de mélasse. Voilà l’impression que j’ai eu en écoutant le premier album de ces gens. Mélasse parfumée certes. Mais guimauve sur toute la ligne. Bonbon en sucre d’une insondable niaiserie. Certains groupes vous agressent, d’autres vous transportent dans leur dimension à eux, mais le principal reste de sentir le sol bouger. Ici vous faites la queue (pourquoi ?) et les types de Gracious vous vendent leur camelote, avec une incommensurable gentillesse. Vous êtes censé ingurgiter une rhétorique prétentieuse, sans leur coller une baffe. Suite de poncifs néo-classiques, vaguement Floydien par moments, leur musique ne prêche ni le bien ni le mal. Juste l’indigence et la non-existence d’une larme ou d’un rire. Même pas le coté déménageur de pianos d’ELP. Cette force énorme déployée pour rien. Mais qui avait le mérite d’exister. Sans s’abaisser à avoir ces relents de savonnette, qui séduiraient jusqu’à un fan de Patrick Juvet, tenté de s’encanailler.
- PERSONNEL :
- DISCOGRAPHIE :
- ALBUMS :
- SINGLES :
- _ 1969 : Beautiful/What A Lovely Rain (Label Polydor 56333)
- _ 1970 : Once On A Windy Day/Fugue In D Minor (Label Vertigo 6059 009)
- LIEN :
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