Pas vraiment étonnant de retrouver Lemmy dans une formation psychédélique, dés 1968. On connaît son séjour dans Hawkwind, son usage des substances acidifiées, et sa façon d’envisager la basse comme une massue. Laquelle ferait surgir 36 chandelles. Certaines chansons (trop rares) de Motorhead ont, comme ça, des structures rampantes et pulsantes. Bien loin du discours biéreux, devenu si pénible au fil des années.
Sam Gopal, pour sa part, était (est probablement toujours) un malais joueur de tablas. Son groupe, parait-il très populaire dans l’underground londonien de l’époque, n’a enregistré qu’un seul album, l’assez réussi Escalator. Sorti sur Stable, label qui a abrité les Deviants du second album, mais aussi des noms qui font lever les yeux des novices, comme Jaklin ou NSU. Donc, pour la promotion, voyez ailleurs. La vie du Sam Gopal Dream semble, d’ailleurs, avoir été assez courte. Groupe underground condamné aux petits gigs merdeux, sûrement trop défoncés pour bâtir une vraie carrière.
Tentative de fusion donc. On est plutôt pour dans la maison. Le raga matinée de rock peut donner de bien jolies choses. Encore qu’on soit, présentement, fort éloigné des merveilles engendrées par John Mayer et Joe Harriott. Mais la catégorie est différente.
La rencontre Occident (riffs aiguisés/pulsion basique) Orient (structures éclatées qui découpent le temps d’une façon inédite) génère, sans trop de mal l’ambiance opiacée de mise. Encore que le manque de décollages verticaux, ne trahisse le faible niveau technique de l’ensemble. Quand même curieux d’entendre Lemmy articuler une rhétorique méditative, d’une belle voix grave, un peu rayée au milieu, et pas toujours en place.
Bref, le tout réussit à avoir le charme des années. Et aurait mérité autre chose que ce son boueux, qui noie quasi totalement l’impact rythmique. Il faut tendre l’oreille pour bien distinguer les tablas de la basse. Le producteur ayant eu sa photo sur la pochette, on comprend d’autant mieux certaines choses. Ce respectable monsieur à cheveux courts, aurait pu facilement militer au Modem, avec sa bobine de charcutier bien sain. Rien d’un freak, en apparence. En tout cas, il était totalement dépourvu d’imagination, et il nous ressort le même effet sonore entre chaque morceau.
Pire, sur la reprise de Season Of The Witch, et là seulement, on le sent intéressé par son job, chercher un tube. L’égalisation devient juste, des chœurs féminins surgissent (le collage est flagrant) menaçant par moments de submerger Lemmy. Bien meilleur est Back Door Man, agréablement teigneux, avec un vibrato pas si éloigné de Quicksilver.
L’objet se découvrira donc avec réserves. Inutile de claquer une fortune sur un introuvable original, quand même. Puisque plusieurs rééditions (officielles ou pas) existent. Classer au rayon « À connaître ».
Laurent M.
PERSONNEL :
Sam Gopal (tablas, percussions), Roger D'Elia (guitare), Phil Duke (basse), Ian "Lemmy" Willis (chant, guitare)
DISCOGRAPHIE :
ALBUM :
_ 1969 : Escalator (Label Stable SLE 8001)
EP :
_ 1969 : Escalator/Cold Embrace/Sky Is Burning/Angry Faces (Label Stable SLE 8001)
SINGLE :
_ 1969 : Horse/Back Door Man (Label Stable STA 5602)
LIEN :
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