On a oublié Clapton ! Lou au téléphone, pour annoncer l’horrible nouvelle. Eh oui, malgré la carrière solo presque totalement inepte, Slowhand reste une référence, un mètre étalon du rock anglais. OK, son héritage technique est colossal, il a défini mieux que personne la notion d’instrumentiste intouchable (étiquette qu’il s’est acharné à décoller sans succès), mais on peut compter les pépites, au milieu des nanars, une fois Cream séparé.
Et d’abord, comment recaser un type d’une stature pareille, paralysé par le poids de son talent. Pas dans un groupe éphémère à la Blind Faith, et surtout pas dans le chaos du Plastic Ono Band. C’est que, voyez-vous, Clapton a beaucoup de défauts, mais il est humble, et il fait passer la musique avant l’ego. La meilleure façon de se s’en convaincre, est de revoir le film du festival de Toronto. Il y bâcle ses parties de guitare, tout en tirant une tronche consternée, devant les pitreries de Yoko Ono.
Rien à faire, devant la débauche narcissique de la fin des années 60, il allait au-devant d’un conflit grave. À moins de se réaliser dans la modestie, à l’exemple du Band, dont il admirait tant le premier album.
En ce qui concerne son premier disque solo en tant que tel, l’entreprise est ratée. C’est bien joli d’inviter les copains stars, encore faut-il avoir quelque chose à dire. Et là, on tombait dans un abîme terrifiant, un discours d’une impressionnante vacuité. Par contrecoup, la reprise de After Midnight lancera la carrière de JJ Cale. On se demande encore pourquoi il a fallu attendre 2006 pour les voir réunis en duo, à prendre un pied de mammouth.
Le reste est de l’histoire, Patti Harrison, la lente chute dans la dope...
Mais avant le grand vide blanc, il y a Derek And The Dominoes (toujours cette foute manie de se cacher) et surtout il y a Layla. Le double album (enregistré avec les anciens musiciens de Delaney And Bonnie, qu’on va s’acharner à proclamer chef-d'œuvre, alors même qu’il fait un bide à sa sortie.
Une bonne quinzaine d’années que je l’avais rangé celui-là, sans aucune envie de le ressortir. Et, sans vouloir m’acharner sur Clapton, je dois dire que la mémoire joue des sales tours. Je restais sur un souvenir assez fulgurant, et j’ai retrouvé un disque contrasté, naviguant sans sourciller entre le bon et le très ordinaire. Deux choses évidentes, l’énorme influence de Peter Green, et la dynamique évidente apportée par le génie de Duane Allman. On n’ose imaginer le soporifique, sans la Gibson du moustachu sudiste.
À ce stade, la messe était dite. Un très bon double live en 1980 (Just One Night) et vous pouvez classer le dossier, à la rubrique inintéressante au possible.
Laurent M.
Albums
_ 1970 : Éric Clapton (Polydor 2383 021)
_ 1970 : Layla And Other Assorted Love Songs (Polydor 2625 005)
_ 1970 : After Midnight/Easy Now (Polydor 2001 096)
_ 1970 : Tell The Truth/Roll It Over. (Polydor 2058 057)
_ 1971 : Layla/Bell Bottom Blues (Polydor 2058 130)
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