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16 déc. 2008

Eire Apparent

Le danger qui guette le critique rock en herbe est de passer totalement au travers d’un album par une écoute inattentive entre deux scotchs mal torchés. Car si la première impression de ce Sun Rise des Eire Apparent ne nous avait pas transcendés, loin de là, il faut reconnaître qu’après plusieurs écoutes on se délecte de ses petits arrangements typiques du psyché anglais. Et puis, un disque produit par Jimi Hendrix et un groupe managé par Chas Chandler, la carte de visite a de la gueule !

L’histoire des Eire Apparent apparaît qui plus est excitante. Le combo, mené par le talentueux guitariste Henry McCullough, écume la scène irlandaise sous diverses formes orchestrales. C’est en 67 qu’Henry décide d’aller tenter sa chance en Angleterre, délaissant les vertes prairies irlandaises pour le gris bétonneux de Blackpool. Il y rencontre les membres de Tony & the Telstars, avec qui il sympathise et forme le groupe People. Désireux de s’aventurer dans les turpitudes psychédéliques, le combo monte à Londres où ils galèrent pas mal. Mais heureux d’un gig à l’UFO, le groupe se fait repérer par Chas Chandler et Mike Jeffery, les promoteurs mêmes de la tournée londonienne d’Hendrix !

Dès lors, la carrière d’Henry et les siens s’envolent. Mike Jeffery leur trouve un nouveau patronyme, plus provocateur (République d’Irlande apparente !), et les fait signer sur Track Records, excusez du peu. Mieux, les Eire Apparent sont engagés pour assurer les premières parties de Jimi Hendrix sur les îles british, jouant ainsi avec les Move, les Floyd ou autres Nice ! Le groupe en ressort un premier single à la fin de l’année 67, Follow Me/Here I Go Again, qui ne se classera pas, mais qui démontre déjà leurs qualités de mélodistes, terminant l’année sur un utopiste nuage.

Le groupe n’en est cependant qu’à ses débuts, l’année 68 se révélant de nouveau très chargée et excitante. S’engageant pour une tournée marathonienne aux States, accompagnant aussi bien Hendrix, Éric Burdon & ses Animals, ainsi que le Soft Machine, le combo parcourt le pays et finit sur les rotules. Pire, pour une question de visa, Henry McCulloug, le membre fondateur du projet, est expulsé par les autorités et immédiatement remplacé par Mick Cox. Henry ne reviendra plus jamais au sein du groupe, et des tensions apparaissent fin 68 dans la cohésion du combo.

Déboussolé par une carrière qui a trop vite décollé, le groupe se pose enfin en 69 pour préparer un album. Lequel sera marqué par la présence de Jimi Hendrix à la console ! Le disque sort sur Buddah et bénéficie du même coup d’une sortie sur le sol américain. Hendrix y participe activement, prêtant sa guitare sur des morceaux comme The Clown ou Rock’n’roll Band (ce dernier annonciateur du glam rock). Surtout, il contribue à rendre l’album plus pop, plus lisse que ses propres compositions. Son influence est finalement énorme, l’album oscillant entre une pop électrique rutilante et des climats plus apaisés, délaissant le blues pour le format pop plus populaire. Une facette de Jimi alors inexplorée !

L’album, grâce à l’AOC hendrixien, parviendra à bien se vendre aux États-Unis. Et ce malgré une ambiance sonore légèrement désuète pour 1969. Il n’empêche, le groupe y démontre ses qualités intrinsèques, et il serait malhonnête d’accorder tous les crédits à J.Hendrix. Le combo joue parfaitement bien, le son est homogène, les harmonies vocales savamment distillées, et surtout, les multiples trouvailles sonores rattachent ce disque au psyché anglais. Et il faut assurément plus d’une écoute pour déguster cet album comme il se doit.

La particularité de cet album est qu’il se soit vendu tout au long des seventies aux US, devenant ainsi l’une des meilleures ventes Buddah pour un disque underground, alors même qu’il fut une rareté sans précédent en Angleterre !

Cependant, les Eire Apparent apparaissent fatigués et tiraillés au sein même du groupe pour promouvoir correctement cet opus. Qui plus est, ayant délaissé sa nation d’origine pendant près de 2 ans, le combo revient en Angleterre, mais se retrouve sans public. Même aux US, sans le soutien de formation comme le Soft Machine de Robert Wyatt (qui aurait également participé aux sessions d’enregistrement de Sun Rise), le groupe rencontre d’énormes difficultés à se faire entendre. Et finalement, les Eire Apparent se désagrègent petit à petit, restant aux yeux de l’histoire du rock comme l’un des multiples projets parallèles de Jimi. Il n'est jamais trop tard pour réparer l'injustice...

Néanmoins, les membres du combo continueront à participer à la légende : on retrouvera ainsi Pete Tolson au sein des fumeux Edgar Broughton Band, Chris Stewart chez les novateurs Spooky Tooth, et Dave Lutton aux commandes d’Ellis. Quant à Henry McCullough, le grand perdant de cette aventure, il trouvera le succès au sein des milliardaires Wings de Mc Cartney.

  1. PERSONNEL :
Ernie Graham (chant), Henry McCullough (guitare, 1967-68), Mick Cox (guitare, 1968-69), Chris Stewart (basse), Dave Lutton (batterie)
  1. DISCOGRAPHIE :
ALBUM :
  1. _ 1969 : Sun Rise (Label Buddah 203 021 )
SINGLES :
  1. _ 1967 : Follow Me/Here I Go Again (Label Track 604 019)
  2. _ 1969 : Rock 'n' Roll Band/Yes I Need Someone (Label Buddah 201 039)
LIEN :
  1. Myspace

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