Question épineuse que celle de la scène folk anglaise de 68. Ravagé par le Flower Power ambiant en directe de San Francisco, paillette dans les cheveux et trip baba hippisant, peu de groupes s’exerçant à ce style ont su finalement s’en détacher pour proposer une musique raffinée et personnelle. Les Eclection, groupe cosmopolite de Birmingham, n’y échappent pas, et leur unique LP, à forte orientation californienne, n’est qu’un exemple parmi d’autres de l’état stationnaire qu’un tel mouvement impliqua si l’on ne s’en dégageait pas. Qui plus est, c’est l’un des rares groupes anglais à ne pas sonner british, mais par trop de similitudes à ces voisins américains, s’engluant trop souvent dans des pastiches par admiration exacerbée.
Combo au melting-pot assumé, composé d’un Anglais, d’un Canadien, d’un Norvégien et de deux Australiens, ce qui explique peut être cela, le groupe se voit signer sur le label Elektra. Et deviens par là même l’un des rares groupes anglais à apparaître sur ce catalogue. Après plusieurs 45t, qui fourniront la matière première de l’album, le groupe entre en studio. Et en ressort avec cet album californien jusqu’au bout des ongles.
Un opus dominé par de longues recherches harmoniques, évasives, et à l’orchestration sucrée au possible. Mais un album qui manque finalement de personnalité, et qui aurait mérité un peu plus d’acidité dans ses arrangements. La non prise de risque est éloquente, notamment sur la première face du disque, enchaînement de belles chansons certes, mais abusivement linéaire pour se laisser transporter par la douceur des harmonies vocales.
La seconde face est de loin la plus intéressante, teintée d’envolées à la Jefferson Airplane, comme sur cette explosion de beauté qu’est Confusion, dernier morceau aux somptueux arrangements de cordes, ou encore le mirifique St.George and The Dragons, emplis de mystère, à l’orchestration savante où s’emmêlent admirablement les solos de flûtes et de cuivres. Et où les voix s’harmonisent enfin dans un océan de couleurs d’une pureté troublante.
Dommage, vraiment, que l’album ne regorge pas davantage de ses petites touches bouleversantes. L’ensemble reste tous de même correcte, et demeure un bon exemple de cette scène folk hippie. Pour la petite histoire, on retrouvera le chanteur Trevor Lucas et le batteur Gerry Conway au sein des Fotheringay de Sandy Dennis, le premier épousant la dernière, pour une réussite plus convaincante.
PERSONNEL :
Trevor Lucas (guitare, chant), Kerilee Male (chant), George Hultgren (basse), Gerry Conway (batterie), Mick Rosen (guitare, chant)
DISCOGRAPHIE
ALBUM :
_ 1968 : Eclection (Label Elektra EKS 4023 / Côte : 100 Euro)
SINGLE :
_ 1968 : Nevertheless/Mark Time (Label Elektra EKSN 45033)
_ 1968 : Another Time, Another Place/Betty Brown (Label Elektra EKSN 45040)
_ 1968 : Please/Saint George And The Dragon (Label Elektra EKSN 45042)
_ 1968 : Please (Mark II)/In The Early Days (Label Elektra EKSN 45046)
LIEN :
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