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21 juin 2010

Humble Pie

Alors qu’en cette fin de décennies sixties fleurissent un peu partout des super groupes aux noms prestigieux, consacrant les musiciens rock dans le panthéon des instrumentistes, peu ont su au final éclabousser de leurs talents ces tentatives de rock absolues. On pense évidemment au gâchis de Blind Faith, sans idée directrice si ce n’est l’accumulation de prodigieux musiciens (Clapton, Winwood) et d’impacts mercantiles évidents pour une industrie du disque en pleine expansion. Humble Pie va faire figure d’exception, tant dans la qualité et la diversité de ces albums, que niveau longévité. Sept ans d’existence, dix albums studios dont on ne peut que renier l’infâme Street Rats (1975) et ses suivants, et l’un des tout meilleurs live de tous les temps accouchés sur la cire (Fillmore de 71) font d’Humble Pie l’une des figures de ces seventies naissantes.

Humble Pie, c’est l’association de quatre musiciens confirmés, à commencer par le dandy Steve Marriott et sa voix sauvagement angélique, qui lors d’une tournée parisienne avec les Small Faces fait la rencontre d’un jeune prodige à la guitare officiant au sein du groupe mods The Herd, Peter Frampton. Doté d’un physique qui affolera plus d’une groupie, ce dernier tente de s’imposer au sein des Small Faces avec l’appui de Steve Marriott, sans succès. Marriott, agacé, lâche alors les Small Faces et part fonder un tout nouveau groupe avec Frampton, sur de l’impact de leur collaboration. Ils recrutent alors Greg Ridley des Spooky Tooth et Jerry Shirley d’Apostolic Intervention, et sont immédiatement signés par Andrew Loog Oldham sur son label Immediate, aux côtés des Small Faces !

Un premier single voit le jour en juillet 69 avec Natural Born Bugie, qui se classe immédiatement quatrième des charts. Un morceau simple, classieux, swinguant où l’on retrouve tout le talent de composition de Marriott. Un album est engendré dans la foulée et deviendra un classique de l’année 69, se classant 16e dès sa sortie. As Safe As Yesterday Is où la collaboration idyllique de Marriott & Frampton. L’album est un condensé de blues rock où s’entrechoque rythmique heavy et pop léché, agrémenté de fantaisies folk agréable (Growing Closer, écrit par un ancien Small Faces, Ian McLagan). Le tout s’enchaine merveilleusement bien, les compos de Marriott sont superbes et Frampton fait des étincelles à la gratte. L’album fait preuve d’une incroyable maturité dans la diversité des atmosphères développées, les musiciens démontrent une grande maitrise technique, passant d’un instrument à un autre, jusqu’à ce prodigieux I’ll Go Alone signé Frampton où Lyn Dobson vient poser le temps d’une courte apparition son sitar sur des nappes orientales avant de débouler un heavy rock qui sera la marque de fabrique à venir des Humble Pie.

Loin de se sentir grisé par un premier album encensé, la paire Marriott-Frampton fait des étincelles dans la créativité, et le duo enchaine un second album dans les mois suivants, enregistré en pleine tournée aux États-Unis, qui se démarque de ce premier essai. Town & Country surprend par son virage acoustique et la paisibilité de ces morceaux. Frampton déblaye un jeu acoustique d’une toute beauté que vient accentuer le jeu bourré de bonnes vibrations du batteur Shirley. Marriott, comme a son habitude, dégaine toutes les subtilités de son jeu, prenant même à l’occasion le piano sur un splendide Silver Tongue où sur une montée contenue le groupe laisse entrevoir des possibilités énormes dans la machine infernale du heavy. L’album est une nouvelle réussite, le groupe fait preuve d’une solidarité accomplie, aussi bien dans la musique que dans la créativité.

Et l’affaire Immediate, bouffée par des problèmes d’argent récurrent qui soldera début 70 la fin du label d’Oldham, ne semble même pas affecter Marriott et sa troupe. Engagé sur le champ par A&M, le groupe repart en studio enregistré un troisième album. Si la collaboration créatrice du duo Marriott/Frampton fonctionne de nouveau, lorgnant cette fois-ci vers un hard rock progressif qui deviendra la marque de fabrique des Humble Pie, classique, mais jubilatoire, il n’en demeure pas moins que des tensions apparaissent. A&M ayant déniché un nouveau manager au combo en la personne de Dee Anthony, spécialiste du marché américain, ce dernier souhaite mettre en avant la forte personnalité de Steve Marriott au détriment des autres, et notamment de Frampton. Le LP est une réussite marketing, mais signe également la fin de la première, mais richissime période des Humble Pie. Qui se conclura par le fantastique live au Fillmore, témoignage grandiose de l’impact créatif du groupe sur scène, et de cette incroyable complémentarité entre les quatre éléments du combo.

Peter Frampton quitte le groupe la même année, attiré par la grandiosité du marché US, et connaitra une carrière monumentale à défaut de génialissime. Marriott continuera avec ces deux autres acolytes et Dave Clempson a arpentait les rivages distordus d’un hard rock classieux. Nous reste ces deux premiers chefs d’œuvre et ce live dont nous vous proposons également une chronique, et même si cela dépasse notre espace-temps.

Lou

PERSONNEL :

Peter Frampton (guitare, chant), Steve Marriott (guitare, chant), Greg Ridley (basse), Jerry Shirley (batterie)

DISCOGRAPHIE :

ALBUMS :

_ 1969 : As Safe As Yesterday Is (Label Immediate IMSP 025)

_ 1969 : Town & Country (Label Immediate IMSP 027)

_ 1970 : Humble Pie (Label A&M AMLS 986)

SINGLES :

_ 1969 : Natural Born Boogie/Wrist Job (Label Immediate IM 82)

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