Forum RaveUp60

Forum RaveUp60
Venez nous rejoindre!

8 oct. 2010

Hemmings David

Tiens un acteur qui chante. On connaît l’exemple de Rex Holman (un rescapé de Star Trek) et de son album plus que correct. Et puis ça nous change des pintades qui braillent, dès qu’elles ont tourné trois navets. Il fallait un tyran comme Gainsbourg pour miser sur le non-talent, et tirer le meilleur d’une pimbêche. David Hemmings est, naturellement, une icône éternelle du Swinging London. Tellement, que le site que vous parcourez d’une souris avide, l’a choisi pour son logo. Amusez-vous à le reconnaître dans Gladiator, ce sera un peu plus compliqué. Son disque de 1968 est une curiosité assez peu connue, à tel point que je me demande s’il est sorti en Angleterre. En tout cas, les ouvrages sur le rock d’Albion l’oublient totalement. Vieux mépris de la rock critique la plus nationaliste du monde, et malheur à qui osent tenter sa chance ailleurs. Donc Happens, assemblage bien composite, produit par Jim Dickson (mentor des Byrds). Avec, dans sa musette, un coup de main des sieurs Gene Clark, Roger Mc Guinn et Chris Hillman. Sans que la qualité (assez moyenne) des chansons n’autorise à monter au plafond. Inutile d’espérer une explosion acide, plutôt un thé légèrement psychédélique. Notons la haute qualité technique, l’ingénieur du son (Val Valentin) ayant par la suite travaillé avec le Velvet Underground.

Grosso modo, deux directions se dégagent, absolument pas complémentaires. L’une est un folk lourdement paré (trop) qui va jusqu’à faire une grosse tête à une composition de Tim Hardin. Cette dernière s’en tirant de justesse, grâce à sa mélodie imparable. La voix est assez agréable, réminiscence d’Éric Burdon, en moins âpre. Ensuite (et là on se régale), plusieurs ragas, un peu dans l’esprit de Bobby Callender, donnent la caution «Je suis jeune et branché sur mon époque ». Soudain, le mur de l’ennui se fend, des fleurs vous poussent dans les oreilles, et on décolle enfin. Tout l’album était dans cette veine, on tenait un petit monstre. Reste LE nanard de service, le redoutable Talking LA, qui doit se vouloir une parodie de Dylan. Imposé, en plus, au milieu de la première face, comme on méprise un domestique. Pendant d’interminables minutes, Hemmings y joue au type super dans le coup, sur fond de saxo énervant. Nous les brisant sans pitié, en se ridiculisant définitivement. Fichant en l’air, toutes les idées qu’on commençait à se faire. Et reléguant l’ensemble au caprice de star, surtout préoccupée d’épater ses copains de la haute, avec ses multiples talents. Et son humour irrésistible. Oh dear, what a good joke. Voir les notes de pochettes, tirées d’un article de Cosmopolitan (ça renseigne sur la clientèle visée) pour se fendre la pipe. Mordus de la fuzz, puristes à fleurs de peau, passez au loin. Pour les gens moins radicaux, une écoute n’est pas déconseillée, avec les précautions d’usage, sur l’art et la manière d’utiliser un tel colis. Idéal pour coller n’importe qui en blind test, cela dit.

Laurent

DISCOGRAPHIE :

_ 1968 : Happens (LP MGM E/SE 4490)

LIEN :

Bell Birds

Aucun commentaire: