Black Widow

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On est en 1966, banlieue grisâtre de Leicester, les Black Sabbath n’existent pas encore. Eux qui introduiront le satanisme dans les plus hautes stratosphères du monde rock. Quand sept jeunes gars, Kay Garrett (chant), Jim Gannon (guitare), Kip Trevor (chant, guitare), Zoot Taylor (claviers), Clive Jones (saxo, flûte), Bob Bond (basse) et Clive Box (batterie) décident de monter leur propre groupe, Pesky Gee!, influencé alors par le satanisme, décortiquant avec minutie les pratiques démoniaques découvertes par la lecture de livre obscure. Un album verra le jour sur Pye dès 69, Exclamation Mark, un an avant la sortie du premier Black Sabbath. Déjà en avance.

C'est en 1970 que le combo change de nom suite au départ de Kay Garret. Les Black Widow se font alors vite repérer, de par leurs shows théâtraux. Mimant avec une récurrence glaciale le sacrifice d’une vierge, représenté par l’introduction d’une femme nue sur scène, Kip Trevor poignard brandissant.

Le groupe signe sur CBS en 1970, ni plus ni moins, et dans la foulé publie leur premier album, après un single détonant incluant le tortueux et ritualiste Come to the sabbat. Sur cet album, le groupe joue un rock progressif loin du hard rock développé par leurs compères du Black Sabbath. Plus proche d’un Jethro Tull sombre, les incursions graves et somptueuses de la flûte renforcent le côté incantatoire d’un tel album. Tout au long de ses 7 titres se retrouvent confrontés influences jazz et rock, ponctué par de longs morceaux à la structure ascendante, où des nappes crades d‘orgue se juxtaposent aux solos glacials du saxophone. L’album raconte alors les rituels sataniques d’un sorcier dans l’espoir de ressusciter le démon Astaroth. Le disque est finalement très bien accueilli, se classant dans le top 40 des charts anglais.

Mais un beau jour, le show se termine mal, la femme devant jouer le rôle de la jeune vierge s’en prenant littéralement à Kip. Qui plus est, le satanisme développé par les Black Widow commence à inquiéter les autorités publiques. Le groupe se voit alors refuser plusieurs salles de concert et la cohésion du combo commence à chavirer. Les deux opus qui suivront en 1971 et 1972 s’éloigneront alors de ce lyrisme noir pour une musique progressive des plus banales. Les Black Widow plongent alors dans un certain anonymat qui, reconnaissons à la vue de ces deux derniers disques, n’est qu’amplement mérité.

N’empêche, les Black Widow restent aujourd’hui LE groupe culte d’un certain mouvement gothique. Et Sacrifice une météorite théâtrale et démoniaque dans ce paysage ésotérique du progressif anglais d’alors. Au pouvoir d’attraction indéniable. Fortement recommandé. En 1999 sort Return To The Sabbath sur le bien dénommé Mystic record. Reprenant les bandes de 69 enregistrés avec Kay Garrett et Kip Trevor au double chant. Une version encore plus sombre de Sacrifice, endoctrinant l'auditeur vers l'obscurité. Une expérience troublante.

PERSONNEL :

BOB BOND--Bass Guitar CLIVE BOX--Drums JIM GANNON--Lead Guitar KAY GARRETT--Vocals CLIVE JONES--Saxophone/ Flute JESS "ZOOT" TAYLOR--Keyboards KIP TREVOR--Vocals

DISCOGRAPHIE :

_ 1969 : SP Come to the Sabbat / Way to Power (Label CBS 5031)

_ 1970 : LP Sacrifice (Label CBS S 63948 / Cotation : 90Euros)

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